La chair du monde et de l’homme diffusent la grâce sur toute la Création

Publié le 30 Mars 2013

La chair du monde et de l’homme diffusent la grâce sur toute la Création

« La Bible utilise le verbe hébreu bara pour dire que Dieu créa le ciel et la terre (Gen.1/1). Le mot hébreu se réfère toujours à une action de Dieu (voir aussi Es.43/1,7,15 ), ce qui s’oppose à tout ce qui est fabriqué ou construit.

Ainsi, l’univers jaillit neuf des mains du Dieu biblique. Lorsque donc Grégoire de Nysse décrit cette création comme une ordonnance musicale (In Psalmorum inscript., PG 44,441B), nul doute qu’il ne fait là que rejoindre la tradition hébraïque elle-même pour laquelle le premier Adam – Qadmon, l’homme antérieur - était un corps de lumière qui récapitulait les six jours de la création et devait rendre au divin Créateur la libre réponse de l’amour en se laissant aspirer par la lumière incréée de Dieu dans un mouvement d’ascension à même le septième jour. L’homme devait y enfanter le huitième jour, transfiguration du premier.

Mais dans la vision chrétienne, « l’univers est une réalité neuve, véritable, dynamique, animée par une force lumineuse, spermatique que Dieu a introduite en lui comme tension vers la transcendance » (1).

Si l’univers se tient devant l’homme comme une révélation de Dieu, c’est à l’homme qu’il appartient de la déchiffrer d’une manière créatrice et de rendre consciente la louange ontologique des choses. Parce que tout simplement il n’y a pas de discontinuité entre la chair du monde et celle de l’homme.

D’une part, l’univers est - théologiquement parlant - englobé dans la nature humaine ; il est le corps de l’humanité. D’autre part l’homme, en sa qualité de microcosme, condense et résume en lui les degrés de l’être créé, ce qui lui donne la possibilité de connaître l’univers de l’intérieur.

Ainsi, entre l’homme-microcosme et l’univers-macranthrope, la connaissance est endosmose et exosmose, échange de sens et de force (2).

Plus encore, l’homme est beaucoup plus qu’un microcosme du fait que sa création à l’image et à la ressemblance de Dieu ne provient pas d’un ordre donné à la terre, comme c’est le cas pour les autres vivants.

Dieu, en créant l’homme, n’ordonne pas mais se dit dans son conseil éternel : faisons l’homme à notre image, selon notre ressemblance (Gen. 1/26). Pour cette raison, nous pouvons affirmer que l’homme, parce qu’il constitue l’hypostase du monde comme image de Dieu et microcosme, est donc bien la jointure entre le divin et le terrestre et de lui se diffuse la grâce sur toute la création. »

Métropolite Stephanos de Tallinn, La Vie religieuse et la sauvegarde de la Création, 2004.

Notes.

1. Paul FLORENSKI : “La Colonne et le Fondement de la Vérité”, Moscou, 1913, p.288.

2. Nicolas BERDIAEV : « De l’esclavage et de la liberté de l’homme », Aubier, Paris, 1963, p. 21.

Il n’y a pas de discontinuité entre la chair du monde et celle de l’homme.

Rédigé par Restauration Universelle

Publié dans #chair monde Dieu création grâce

Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article